vendredi 24 août 2012

risques systématiques et systémiques


Normes et risques systématiques et systémiques

Les risques systématiques sont potentiellement dangereux pour l'assureur car ils ne se mutualisent pas et ont donc un impact sur la distribution du risque modélisé. Par ailleurs, les pandémies, les catastrophes ou les crises financières sont des sources de risque aux conséquences potentiellement très importantes car, au-delà de ne pas se mutualiser, elles impactent l'ensemble de la place, et non pas uniquement tel ou tel organisme.

De ce fait, les référentiels prudentiel (S2) et comptable (IFRS) ont vocation à prendre en compte ces risques, que ce soit à travers une hausse des fonds propres requis (SCR) ou à travers une baisse des fonds propres disponibles via une hausse des provisions techniques (hausse de la marge - ou de l'ajustement - pour risque et éventuelle hausse dubest estimate). On note en outre que ces deux effets sont liés : une hausse du SCR devant se traduire mécaniquement par une hausse de provision technique (à travers la marge - ou ajustement - pour risque).

Une attention particulière doit donc être accordée à l'identification et à la modélisation de ces risques, afin de les prendre en compte fidèlement dans ces référentiels.

Aussi, pour les risques systématiques, notamment dans la construction de loi d'expérience (pour la mortalité, le rachat structurel, etc.), on pourra par exemple s'appuyer sur les éléments présentés dans ce billet pour apprécier son impact en termes de SCR et de provision technique, sachant qu'en pratique le poids de ces risques est particulièrement sensible aux caractéristiques du portefeuille assuré (comme rappelé dans ce billet récent).

Concernant les pandémies, les modèles multi-états de type SEIR (à l'image du modèle retenu par Swiss Re pour calibrer le choc catastrophe vie retenu dans le QIS5) semblent s'imposer pour modéliser la diffusion d'une pandémie et apprécier son impact en termes de SCR et de provision technique (on rappelle toutefois ici que le risque pandémie dépend de facteurs exogènes et globaux pour l'assureur, et qu'en pratique seule une prise en compte par facteurs d'hétérogénéité - tel que l'âge - semble permettre une prise en compte spécifique par assureur, comme indiqué dans ce billet).

Enfin, concernant les crises financières et les risques systémiques associés, l'impact en termes de SCR et de provision technique s'illustre par exemple :
- au niveau des rachats conjoncturels (impact accentué par la dépendance dans le comportement des assurés en termes de rachats dans les conditions de marchés extrêmes, comme indiqué dans ce papier),
- au niveau de la dépendance entre actifs financiers (à titre d'illustration, ce papier rappelle l'importance du choix de la structure de dépendance pour ne pas sous-estimer le SCR).

Pour tous ces risques, la formule standard du pilier 1 (S2) propose des solutions pour les quantifier, avant de les comptabiliser (dans des comptes type IFRS). Ceci étant, comme le précise par exemple J. Sapir dans cet ouvrage, il semble imprudent d'attendre une prévention effective des crises, et des risques associés, par les normes prudentielle (pilier 1) et comptable, ces dispositifs ayant tendance à s'appuyer sur l'image des crises du passé, et non sur celles de l'avenir. L'auteur justifie ce raisonnement par le fait notamment que la réglementation prudentielle est limitée par les informations à partir desquelles elle est mise en oeuvre, informations issues d'une combinaison entre un signal et les conditions matérielles et psychologiques de sa réception (conditions ne permettant pas toujours d'interpréter un signal de manière appropriée).

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